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LE TANTRA

Qu'est-ce que le Tantra ? (en bref)

Prenez un instant pour y réfléchir. Stoppez votre lecture, laissez venir les premières idées que vous en avez.

 

Elles sont sûrement liées à la sexualité. 

Là aussi, il faut donner un petit coup de serpette et trancher les idées reçues. 

Le Tantra n'est ni un culte sexuel, ni un courant fétichiste. Ce n'est pas lié au Kama Sutra (bien que référence très intéressante et utile, texte lui aussi incompris), ce n'est pas libertin, orgiaque, ou pornographique. 

Bref, le Tantra n'est pas du sexe.

 

Ce n'est pas non plus une religion. Il n'y est pas question de foi ou de dogme. 

Ganesha

De quoi s'agit-il alors ? 

 

Tout d'abord le tantra est un qualificatif à plusieurs courants spirituels, plutôt qu'un courant à lui seul. Tantra pourrait se traduire par « toile », le réseau de connexions énergétiques, la matrice, le principe de non-séparation et du « tout est lié ». Il s'agit plus d'une science de l'énergie où les chercheurs érudits s'intéressaient à comprendre l'énergie universelle et à la contrôler pour atteindre d'autres niveaux de conscience et se libérer du cycle des réincarnations. Il s'agit d'une approche technique, ingéniérique, de nombreux sujets, comme l'astrologie, la science des sons, des couleurs, la médecine, etc...

Remontant à au moins 5000 ans, les voies tantriques répondaient à l'Urgence de l'Éveil et sont dérivées des courants traditionnels bouddhistes et hindouistes. Il s'agissait de fournir les outils et méthodes nécessaires à la sortie du Samsara en une seule vie ! Il fallait donc bâtir un système basé sur des pratiques d'une efficacité redoutable, ne pas perdre de temps, utiliser son plein potentiel.

Il s'agit donc d'un courant dit « ésotérique ». 

Les pratiques tantriques sont à 90% des pratiques concrètes de yoga, de méditations avec yantra, mantra, de pranayama (contrôle de l'énergie), d'études des anciens textes sacrés, etc... Il s'agit d'une discipline stricte, quotidienne, d'une hygiène de vie irréprochable, et d'un dévouement sans limite à cette Voie... mais qui se présente à l'encontre des courants dominants où la perfection ne peut être atteinte qu'à travers la renonciation au monde matériel et via des ascèses strictes. Au contraire, il s'agit d'embrasser pleinement le monde et d'en utiliser tous les outils pour s'élever. 

Tout ce qui est en haut et en bas, dit-on. Microcosme et macrocosme, les tantrikas apprennent à régler les fréquences vibratoires de leurs corps pour résonner avec ce qu'ils cherchent dans l'Univers, se relier aux plans de consciences qu'ils veulent atteindre.

Traditionnellement, suivre un « guru » et rejoindre sa lignée sont nécessaires et importants afin d'obtenir un enseignement de qualité, authentique, être guidé correctement sur une voie complexe, puissante et dangereuse. Plus important encore, certaines pratiques sont inefficaces sans initiation préalable, auprès d'un maître. 

Les pratiques et rituels sont précis, certaines divinités capricieuses, tout acte a ses conséquences, chaque erreur aussi. 

Alors, si la Voie Tantrique est une Voie spirituelle yogique et méditative, comment le sexe en est-il devenu l'image principale ? 

 

L'énergie sexuelle étant celle de la création, elle est la plus puissante qui existe, et nous en avons tous un réservoir en nous. C'est la découverte d'un véritable trésor intérieur pour des êtres qui cherchent à utiliser l'énergie afin de remonter les courants de la création et atteindre l'éveil : ils ont un réacteur nucléaire dans leur bas-ventre !

Le corps devient le meilleur des médiums, et l'énergie sexuelle, un ascenseur grande vitesse. 

C'est donc elle qu'ils cherchent à nourrir, contrôler, élever, sublimer et utiliser. Si une vie sexuelle épanouissante, voire « extra-ordinaire » en découle, il s'agit d'un effet secondaire fort agréable. La sublimation (rétention de l'énergie en soi pour la faire remonter aux chakras supérieurs) de l'énergie lors des rapports et pratiques peut amener à des orgasmes multiples et extatiques de tout le corps sur une longue durée et une véritable union divine, oui. Seulement les Tantrikas ne pratiquaient pas parce qu'ils étaient obsédés par le plaisir sexuel, mais parce qu'ils étaient obsédés par l'Éveil. 

Initialement, il y eut deux formes de courants tantriques : ceux qui renonçaient à toute forme de sexualité, justement pour préserver cette énergie si précieuse, et l'utilisaient par des pratiques de yogas et méditations seulement ; et ceux qui renonçaient à la perdre (via l'éjaculation, orgasme externe, etc.) mais qui reconnaissaient toute l'utilité et l'efficacité des pratiques « sexuelles » afin de la débloquer, la sublimer, et atteindre des états de conscience modifiée plus facilement.

Ces pratiques, avec un partenaire tantrique, en couple, ou seul, gardaient ce but spirituel. Il ne s'agissait dès lors pas de faire n'importe quoi avec n'importe qui, bien au contraire. Les Tantrikas ont plus que conscience de la prudence et l'intention avec lesquelles ils doivent agir lorsqu'il s'agit d'unir leurs énergies sacrées.

Sans embrasser pleinement la voie et se dévouer à l'Éveil, apprendre à contrôler son énergie de création est la clé pour manifester la vie de ses rêves, transformer sa vie sexuelle (qui impacte toutes les sphères de notre existence), métamorphoser ses relations, et aller à sa propre rencontre, son plein potentiel à travers la guérison de ses centres énergétiques.

 

Évidemment, avec la propagation de ces courants, vidés peu à peu de leur essence et dilués, cette sexualité extatique est plus ou moins la seule chose que l'on en a gardé dans l'Ouest (et parfois même en Inde). Enrobée de pseudo-spiritualité, dépourvue de tout contrôle énergétique ou utilisée seulement à but de multi-orgasmes extatiques, on est bien loin du Tantra authentique.

Si le néo tantra, dans certains cadres, peut, lorsqu'il est bien fait, apporter une réelle guérison concernant la dysmorphie, les traumas sexuels, les mécanismes de l'ego blessé, ou jouer un rôle important dans le développement personnel et les relations conscientes, il ne porte du tantra que le nom et peut s'avérer dangereux ainsi que la porte ouverte à bien des abus dans le pire des cas.

N'oublions pas que chacun vient avec ses traumas, ses mémoires, blessures, fragilités, sa vulnérabilité, sa puissance sexuelle meurtrie, son corps bafoué... c'est un endroit structuré, solide, sécurisé qui doit accueillir cet égrégore, ou ce melting-pot pourrait rapidement virer en boîte de Pétri où pullulent les infections.

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